Ressources du Congo

RdC: Le bien commun (1/2)

14 Février 2014 , Rédigé par Abraham Itimberi-Aketi Publié dans #Carte blanche à

Avons-nous des choses en commun ?

Le Congo peut-il être considéré comme un bien commun à tous les Congolais ? Quand les intérêts privés prennent l’ascendant sur l’intérêt général, le problème de justice sociale se pose alors avec acuité. Quand l’Etat qui doit normalement être le régulateur des équilibres sociétaux est lui-même contrôlé par une oligarchie, l’organisation même de la politique publique ne se fait plus que pour les intérêts d’un groupe.

Nos institutions sont-elles justes ? Prenons-nous en compte tous les points de vue et répartissons-nous équitablement les richesses et les services ?

De Platon à Thomas d’Aquin, en passant par Aristote puis Albert le Grand, des philosophes se sont penchés sur ce problème et chacun, à sa manière, à apporter quelques lumières.

- Pour Platon : « le bien commun définit un mode de propriété conçu pour assurer l’harmonie collective. »

- Pour Aristote : « la communauté des biens génère plus de différends que l’appropriation privée. »

- Pour Albert le Grand : « le bien commun consiste d’abord à la perfection morale et ensuite à la sécurité matérielle, la première étant supérieure à la seconde. »

- Pour Thomas d’Aquin : « c’est en prenant part au bien commun que l’individu fait preuve de bonté. »

Nous n’avons nullement la prétention de nous substituer à ces illustres penseurs, mais nous voulons, en les citant, souligner l’importance de leurs travaux dans le questionnement permanent sur le bien commun à toutes les époques. C’est Thomas d’Aquin qui le premier mettra en exergue la notion philosophique du bien commun, car pour lui, la cité suppose « l’existence d’un bien commun. »

Notre but n’est pas de faire de l’étymologie du bien commun ; nous voulons juste nous interroger sur cette notion et surtout sur sa place en République démocratique du Congo aujourd’hui.

Qu’attendons par « bien commun » ?

Si nous résumons les philosophes cités ci-haut, le bien commun « correspond à un partage de ressources ou d’intérêts qui soudent les membres d’une communauté et participe à son existence. » Le bien commun ou bien public bénéficierait à tous, tout le monde devrait en jouir et nul ne devrait en être exclu. Ainsi, l’eau que nous buvons appartient à nous tous et nous ne payons que le service pour son acheminement. Le transport public, l’hôpital public, l’école publique … autant des propriétés communes, des biens communs.

Les Romains sont les premiers à distinguer véritablement dans leur droit, d’abord la chose publique (res publica), celle qui est la propriété de tous et ne peut appartenir à quelqu’un en particulier, ensuite la chose commune (res communis), celle qui nous est commune mais peut devenir la propriété d’une personne et enfin, la chose de personne (res nullius), celle qui n’a pas de propriétaire attitré.

La loi dite « Bakajika » s’était-elle inspirée du droit romain ?

Elle disposait en effet que « le sol et le sous-sol du Congo appartiennent à l’Etat congolais. » Quelle était la pensée du législateur de l’époque ? Voulait-il « nationaliser » la terre ou la considérait-il tout simplement comme un bien commun inaliénable?

La terre jadis propriété tribale devenait par cette loi un bien national. Mais à l’époque, et même maintenant encore, la méfiance était de rigueur principalement parmi les colons et chez leurs thuriféraires qui ne pensaient, eux, qu’à la spéculation des terres arables et de celles potentiellement riches en minerais. Il appartient à chacun de répondre à cette question, mais nous savons que la terre est par nature le premier bien commun chez tous les peuples. Elle a toujours été soit un élément fédérateur, soit un objet de conflit.

Qui décide et détermine de ce qui est commun à tous ?

Lire la suite: Le bien commun (2/2).

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