Ressources du Congo

Odyssée d'un billet de cent dollars ou l'image du Congolais égaré #3/3

4 Mars 2022 , Rédigé par Abraham Itimberi-Aketi Publié dans #Carte blanche à, #Focus sur le mal Congolais

(Archives) 

Mis à jour : 12/09/2018

Épilogue : mon peuple périt faute de connaissance

La souffrance est réelle en RDC, la misère est palpable. Kin la belle est devenue Kin la poubelle. Elle est méconnaissable. Face aux difficultés qui sont très grandes, nous avons choisi la fourberie. Notre ingéniosité a consisté non pas à affronter nos problèmes, mais à développer des stratagèmes uniquement pour survivre. Chacun dans son coin.

Au Congo cohabitent deux Etats: d’un côté, la république légale selon la Constitution mais qui reste une réalité sur le papier. Et de l’autre, la république invisible qui détient le vrai pouvoir. Au Congo vivent côte à côte deux administrations : l’administration officielle, qui ne sert à rien, et l’administration mafieuse, qui se sert de l’administration officielle pour se remplir les poches. Nous avons mis en place un système tentaculaire qui a totalement détruit toute structure cohérente.

Après tant d’années, ce qui devrait être répréhensible est devenu normal, si pas tout simplement légal. Cette histoire n’est pas une fiction, c’est le quotidien des Congolais au Congo. Pour survivre, on développe des stratagèmes qui finissent par paralyser le pays. Les haut placés détournent quasiment toutes les richesses du pays et cela dure depuis cinquante ans, même si ces rapines ont pris des proportions diaboliques ces quinze dernières années. Les mal placés, faute de leaders qui puissent les conduire vers d’autres formes d’organisation, développent chacun à son niveau des stratégies de survie.

Et que dire alors de nous qui vivons en Occident ? Nous ne sommes pas irréprochables. Nous avions directement ou indirectement contribué à entretenir « le mal » congolais. Beaucoup de Congolais de l’étranger avaient chacun son général, son colonel, son officier des douanes. A défaut, son haut fonctionnaire de ceci ou de cela.

Ces personnes qui venaient nous accueillir à N’djili, à Matadi, à Boma, à Luano, etc. Le prestige de passer avant les autres sans être contrôlé, l’arrogance de passer la douane avec des marchandises à peine déclarées. On s’en vantait même. Certains d’entre nous avaient aussi, comme une cerise sur le gâteau, un griot qui chantait à sa gloire. Son nom par-ci, son nom crié par-là. Les « mikilistes » sans cesse « lancés » comme on dit là-bas, par ces mêmes griots qui maintenant chantent à la gloire du régime.

Que dire alors des autres, la majorité silencieuse, celle plus nombreuse mais qui n’a personne en Occident. Qui ne connaît aucun général, aucun haut fonctionnaire. Qui subit en silence depuis plusieurs décennies déjà et qui est obligée de payer pour tout alors qu’elle est à peine payée et souvent même, pas du tout ?

Avant que demain ne soit trop tard

Je me souviens d’un pasteur nigérian qui avait dit un jour ceci : « Le cimetière est plein de gens qui avaient beaucoup de projets. Mais ils sont partis sans la moindre réalisation ».

Il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais il peut être trop tard pour une personne, pour une génération, pour une nation. Quel Congo voulons-nous pour demain ?

Le mal congolais est profond et quand on sait qu’il est difficile de changer un être humain, alors un peuple ! Nous disposons des ressources pour bien faire, nous avons des atouts pour mieux faire. Le premier ennemi du Congolais, c’est le Congolais lui-même. Demain peut être trop tard si nous ne commençons pas dès maintenant à prendre une autre voie.

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