Retour sur les accords de Genève et de Nairobi - Analyse critique #2

Spécial Grand Entretien #2 - Regard d'Abraham Itimbiri-Aketi
Encore une fois de plus, je précise que vous faites partie de la Rédaction de cette plateforme d’information sur la RDC. Et vous y publiez des billets axés notamment sur les travers et les contradictions des Congolais, l’humain et le vivre ensemble. Soit dit en passant, la plupart de vos billets « respirent » toujours, peu ou prou, l’anthropologie, pour des raisons que j’ignore. Vous nous direz au cours de cette série d’entretiens, au long cours, si vous êtes d’accord ou pas avec cette analyse.
Le 2ème volet de cet entretien, qui se déroulera en plusieurs temps, en fonction des éléments d’actualité ayant trait à la RDC. Ou de ceux qui convoquent, de votre point de vue, l’histoire afin de décrypter les prises de décisions, les jeux d’alliances, etc. dans l’arène socio-politique congolaise, portera sur la trilogie suivante : l’énigme des élections du 30 décembre 2018, État des lieux, le programme et les premiers pas du président Fatshi.
Puisqu’il nous faut un point de départ, eh bien, je vous propose de revisiter les accords de Genève et Nairobi. Comme nous en connaissons la teneur, je vous propose de nous les décrypter sous plusieurs angles en mettant en regard l’un avec l’autre. Commençons par les lieux: pourquoi les leaders politiques d’alors avaient-ils choisi Genève, alors qu’ils s’étaient rencontrés, à maintes reprises, en Afrique du Sud, le pays de Nelson Mandela.
2) Pourquoi il paraît très difficile de régler des problèmes inhérents aux pays africains en Afrique ?
Abraham Itimbiri-Aketi
- Le cas de la RDC est un vrai cas d’école. Jamais en Afrique autant des pays ne s’étaient impliqués dans une guerre régionale. Jamais en Afrique, un pays n’a autant été phagocyté par ses voisins qui sont devenus des vrais prédateurs dont certains avec des visées irrédentistes à peine voilées. Jamais en Afrique, une frange non négligeable de « l’élite », ne s’est aussi impliquée dans le pillage systématique de sa propre patrie en organisant avec des puissances étrangères le délitement de son propre pays tout en étant à la fois co-acteur et soutier.
- Dans ces conditions, il aurait été difficile de trouver un pays sans que les uns et les autres s’accusent mutuellement de fourberie, étant quasiment tous, adeptes de méthodes byzantines. Cela étant, chacun avait la possibilité de récuser la proposition de la fondation avant de s’engager. Le problème est qu’au pays des professeurs, on manque cruellement d’experts.
- Le cas de la RDC est un vrai cas d’école. Jamais en Afrique autant des pays ne s’étaient impliqués dans une guerre régionale. Jamais en Afrique, un pays n’a autant été phagocyté par ses voisins qui sont devenus des vrais prédateurs dont certains avec des visées irrédentistes à peine voilées. Jamais en Afrique, une frange non négligeable de « l’élite », ne s’est aussi impliquée dans le pillage systématique de sa propre patrie en organisant avec des puissances étrangères le délitement de son propre pays tout en étant à la fois co-acteur et soutier.
- Dans ces conditions, il aurait été difficile de trouver un pays sans que les uns et les autres s’accusent mutuellement de fourberie, étant quasiment tous, adeptes de méthodes byzantines. Cela étant, chacun avait la possibilité de récuser la proposition de la fondation avant de s’engager. Le problème est qu’au pays des professeurs, on manque cruellement d’experts.
- Imaginons un seul instant que la forme de l’accord de Genève eut été une proposition congolo-congolaise. Aucun des impétrants ne l’aurait accepté car chacun voulait être candidat, ce qui est légitime, mais certains de ces leaders autoproclamés étaient convaincus que le choix leur revenait de droit. Dans ces conditions, il est difficile de bien faire. Mais dans un accord à plusieurs, chacune des parties en présence avant de signer et compte tenu de la gravité du moment, doit s’imposer certaines exigences :
- Procéder à une analyse préparatoire et rassembler toutes les informations,
- Consulter ses experts pour avoir des conseils appropriés,
- Identifier les exigences des clauses avant d’adhérer au projet,
- Vérifier le principe de réciprocité qui implique le droit à l’égalité et au respect mutuel,
- le cas échéant, refuser de s’engager et dénoncer publiquement toute collusion.
- En signant l’accord de Genève, les différents candidats ont exprimé la volonté par laquelle ils déclaraient s’obliger à exécuter leurs engagements. Et c’est là que le bât blesse. La légèreté avec laquelle les « leaders » congolais s’engagent est très inquiétant pour le Congo. L’ambition somme toute légitime de vouloir diriger son pays ne doit pas être prise à la légère.
- Au pays de « chance eloko pamba » la responsabilité semble être vraiment galvaudé. La récusation à postériori soulève d’autres questions notamment concernant les engagements pris par le pouvoir précédent dans certains autres contrats qui spolient le Congo. Les hommes politiques congolais, s’engagent d’abord, ils signent ensuite et enfin réfléchissent alors même que les conventions sont déjà appliquées et dans la plupart des cas, pour le grand malheur des populations.
- Aujourd’hui, les accords de Genève sont loin derrière nous et Felix Thsisekedi a été sorti du chapeau comme dans un numéro de magie. Les partis politiques, les fameux « leaders » autoproclamés ont-ils tiré les leçons de ce fiasco ? Je n’en suis pas sûr. Le fonctionnement quasi féodal des institutions congolaises ne laisse aucune place à la réflexion. Les vassaux n’ont de comptes à rendre qu’à leur suzerain, pas à la République qui est devenue elle-même un État vassal. Ils passent donc leur temps, non pas à chercher l’intérêt du peuple mais plutôt à développer des stratégies machiavéliques pour nouer des alliances dans le seul but de garder leurs privilèges et tous les moyens sont bons.
- Cette situation est tout simplement révélatrice de l’état de déliquescence avancée de la RDC. On le voit avec Kamerehe, signataire et fossoyeur des alliances de Genève. Quel est le périmètre de ses responsabilités en tant que directeur de cabinet de Felix Tshisekedi ? Dans aucun État de droit, un directeur de cabinet d’un chef d’État ou de gouvernement, ne dispose des pouvoirs aussi étendus, jusqu’à s’occuper même directement de construction des routes. Et qui dans la population, à part les spécialistes, connaît les noms des directeurs de cabinet de la plupart des chefs d’État et de gouvernement ? La théâtralisation de la fonction politique et la médiocrité des acteurs publics sont rentrées dans la normalité. L’impunité de ces intouchables de la République leur fait croire qu’ils sont devenus immortels et peuvent donc par conséquent tout se permettre. Ils ont la mémoire courte.
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