Ressources du Congo

La diaspora est-elle complice ou ignorante #2/2

25 Janvier 2020 , Rédigé par Abraham Itimbiri-Aketi Publié dans #Echos de la vie quotidienne Congo & Diaspora, #Focus sur le mal Congolais

La diaspora continue par conséquent à retarder une prise de conscience pourtant salutaire des populations qui devaient demander des comptes aux pouvoirs politiques. Les expatriés occultent aussi par leur générosité un problème qu’il faudra plutôt commencer à prendre au sérieux : notre progéniture née en Occident, même si elle est consciente de la pauvreté de leurs pays d’origine, ne fera certainement pas les mêmes transferts d’argent dans les années à venir et nos familles, en tout cas leur progéniture, risque dans les décennies à venir de se retrouver sans ces ressources importantes et cela sera très brutal. Arithmétiquement parlant, le nombre d’immigrés finira par baisser et il est plus que temps de repenser la destination finale de nos transferts qu’ils quittent enfin le terrain du consumérisme pour aller vers des programmes de développement intra-africains.

Point n’est besoin de souligner qu’aujourd’hui, avec la mondialisation, la plupart des commerçants qui profitent de cette manne sont des immigrés extra-africains : libanais, indo-pakistanais, chinois … soutenus par des pouvoirs corrompus qui voient en eux un moyen d’enrichissement par le racket institutionnalisé. Et ces commerçants contrôlent de plus en plus tous les marchés d’importation au détriment des autochtones tout en bénéficiant des protections des régimes aux abois.

Ils sont aussi avec nos dirigeants, dans toutes les exportations des ressources naturelles : minerais, bois, dans des joint-ventures souvent opaques, qui n’hésitent pas exproprier les populations avec violence.

Je suis absolument convaincu que si la diaspora africaine décidait unanimement de n’effectuer aucun transfert sur une période donnée, disons un mois, la faim commandera à nos familles que nous aimons, certes, à demander des comptes à ces autocrates médiocres. Et nous savons tous que « ventre affamé n’a point d’oreilles ». Cela risque d’être violent mais la plupart des droits dont nous bénéficions en Occident sont le fruit des luttes acharnées des générations passées.

Beaucoup n’en n’ont pas profité même s’ils les ont admirés de loin. Mais ils ont lutté pour leurs enfants et nous sommes bien contents d’en bénéficier. Nous avons donc le devoir de rompre avec cette double servitude qui retarde la prise de conscience des populations africaines. Si comme on dit l’Afrique est riche par ses ressources, il est temps que les Africains ici et là-bas vivent heureux grâce à leurs richesses.

Tous ces jeunes africains qui meurent dans les océans et les mers du globe ne quittent pas leurs pays par plaisir. Ils y sont contraints par cette absence de perspective. Quand ils se lèvent le matin et qu’ils scrutent le ciel, le leur n’a jamais d’horizon. Ce qu’ils voient de l’Occident à la télé et sur les réseaux sociaux devient pour eux, le seul horizon possible. Et nos transferts d’argent en fait aussi partie. Nous remercions les ONG, les associations et les anonymes qui en Occident viennent en aide à ces jeunes perdus, mais tous ensemble nous devons plus que jamais pointer aussi la responsabilité des gouvernements africains qui ont, faut-il le dire, échouer

(1): Démocrature : dictature élue.

 

Partager cet article

Commenter cet article