RDC : Bientôt l’heure de vérité ?

8 Janvier 2018 , Rédigé par Abraham Itimbiri-Aketi Publié dans #Echos de la vie quotidienne Congo & Diaspora, #Carte blanche à, #Focus sur le mal Congolais

Le 30 juin 1960, l’indépendance du Congo est célébrée dans une euphorie rassembleuse. C’est probablement le seul jour dans leur histoire, où les Congolais ont eu la sensation de partager un destin commun, d’avoir une conscience collective. Ils étaient tout simplement congolais et il n’y avait pas ce jour-là, d’origine ethnique. Ils ont dansé toute la nuit au rythme d’indépendance tcha-tcha. Mais le jour d’après est un long coma de 57 ans duquel le Congo n’arrive pas à sortir. D’un horizon azur d’avant le 30 juin qui augurait d’une future grande nation, on est passé subitement à un vide sidéral. Et l’avenir n’est pas rassurant.

57 ans plus tard, les congolais se cherchent toujours tout en cherchant encore ce qu’il faut faire.

L’un des premiers pays africains à avoir organisé des élections transparentes et incontestables se trouvent aujourd’hui dans l’incapacité de faire ce qui était possible il y a plus de cinq décennies. Et c’est là qu’on mesure l’ampleur du chaos. Les élections en RDC sont devenues comme une complainte inachevée dont on fredonne sans cesse le début tout en évitant d’écrire la suite, non par manque d’imagination, mais parce qu’écrire la fin remettrait en question les acquis de ceux qui profitent du chaos congolais, et ils sont légion : le pouvoir, la supposée opposition, la mafia des expatriés et les maîtres du Congo.

La régression congolaise est un cas d’école car jamais dans l’histoire, les responsables politiques d’un pays ont été à ce point complices de la déstructuration de leur propre état. Le défaut d’horizon commun a plongé la conscience individuelle des congolais dans une sorte d’apatridie identitaire quant à ce qu’ils sont vraiment et cela transforme chaque jour qui passe en un instant d’incertitude insupportable.

Aujourd’hui, la reconduction à la tête du pays de l’hydre oligarchique semble presque acquise et la seule chose que l’on trouve à proposer aux congolais comme projet, c’est l’humiliation. Le peuple congolais est devenu un étranger sur ses propres terres.

Avant et après la conférence de Berlin, nos aïeux apposaient leur empreinte sur des documents sans comprendre l’ampleur du préjudice, mais aujourd’hui, ceux des nôtres qui spolient des pans entiers de notre bien commun sont conscients de ce qu’ils font. Ils sont irréfutablement complices du dépècement planifié du patrimoine national car ils participent activement à son pillage systématique.

Plus grave, ils réorganisent l’administration du territoire dans le seul but d’introduire des populations exogènes, entérinant ainsi les visées irrédentistes de certains pays limitrophes. L’histoire les jugera bientôt.

Mais ce qui est plus incertain, c’est la réaction du peuple congolais qui n’est plus loin, nous en sommes convaincus, d’un soulèvement, et ce n’est plus qu’une question de temps. Faute des leaders catalyseurs et patriotes pour tracer le chemin, le tsunami viendra de nulle part et il sera d’une ampleur insoupçonnée. Ce sera un jour terrible et le grondement est déjà en route. Ce que l’on sait moins, c’est que le Congo Kinshasa entraînera dans ce quasi tremblement de terre tous les pays de la région. C’est inéluctable.

Ceux qui pensent contrôler la situation se rendront compte ce jour-là que finalement l’être humain ne contrôle absolument rien, car un pays fut-il la plus grande puissance, n’est pas autorisé à remettre en question l’avenir de tout un peuple en faisant de son territoire son garde-manger, où il a le loisir de puiser indéfiniment comme bon lui semble.

Tout à une fin et la souffrance des Congolais a au moins un avantage : elle est devenue notre dénominateur commun. Le socle sur lequel tout sera reconstruit.

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