Quel Congo voulons-nous dans dix-ans ? #1/2
Il y a bientôt cinq ans, alors que Joseph Kabila venait d’être réélu président de la RDC dans les conditions rocambolesques que nous savons, des manifestations étaient alors organisées un peu partout en occident par la diaspora congolaise. Nous avions, nous aussi, pris part à ces mouvements de contestation qui dénonçaient ce qui était un véritable hold-up dans les urnes.
Lors de différentes réunions des patriotes, nous sommes de ceux qui avaient rappelé une chose : la notion de temps. Cinq ans, avions-nous dit, ça passe vite. Il fallait par conséquent se mettre au travail de façon pérenne et détachée, ne mettant en avant que les seuls intérêts de notre pays. Hélas ! nous y sommes mais avec quelles stratégies et prospectives pour l’avenir ? En dehors de discours, pas grand-chose.
Car, depuis, l’eau, beaucoup d’eau a coulé sous le pont : les divisions, les querelles byzantines et mesquines, l’égoïsme et l’égocentrisme dont seuls les Congolais ont la science, ont une fois encore pris le pas sur l’essentiel. Nous savons nous rassembler pour organiser des grandes réunions, mais nous ne savons pas nous réunir pour travailler de manière intensive, régulière et relativement normée. Et le résultat ne trompe pas.
Il n’est pas question ici de verser dans les délices de l’autoflagellation. Il y a toutefois en tout état de cause quelque chose à revoir dans notre manière de penser collective pour l’avenir de notre pays. On se rend compte de la dégradation dans notre capacité à mettre en place de moyens d’actions pour réussir le virage tant attendu. C’est vrai, l’homme n’est pas fait que de raison, mais le raisonnement structuré nous fait défaut et les émotions passionnelles érodent notre intelligence collective.
Pendant ce temps, les manœuvres dilatoires du pouvoir, d’une part, et les agissements opportunistes des opposants et présidentiables « autoproclamés », d’autre part, continuent à brouiller toute démarche crédible. Un nouveau paysage politique ne se dessinera pas avec des outils obsolètes tenus en plus par des personnages inconstants.
Ce constat nous place devant une double nécessité : nécessité d’un travail collectif et de nouvelles propositions sur le type d’institutions qu’il faudra pour notre pays. Nécessité de la rédaction des actes refondateurs pour obliger les acteurs politiques à faire ce que les Congolais veulent pour eux et pour leur pays. Ces actes mettront noir sur blanc les priorités nationales et le calendrier d’exécution avec l’obligation de résultat.
Nous ne pouvons plus laisser le destin du Congo entre les mains d'opportunistes et d'arrivistes. Pour cela, nous avons le devoir de tracer un chemin et d'obliger les acteurs politiques à l'emprunter ; nous avons l'obligation de profiler l’homme ou la femme politique (le politicien) de demain qui ne sera plus, selon nous, un faire-valoir. Les enjeux sont énormes, ce n'est plus le moment d'être à la traîne de l'humanité.
Faire un état des lieux réalistes
Notre contribution doit commencer par une réflexion prospective du Congo dans lequel vivront nos enfants demain en tenant compte du monde dans lequel ils seront. La RDC a une géographie frontalière quasi unique au monde, il n'y a pas beaucoup de pays qui sont entourés par une telle contrée. Neuf pays faisant dix territoires entourent le Congo. C'est à la fois un atout et un handicap. Dans la situation actuelle, c'est un terrible handicap parce que nous ne sommes pas capables d'être la puissance régionale crédible.
Car nous sommes devenus le vassal de nos voisins. Nous sommes comme tenus en laisse, on nous conduit là où nous ne voulons pas aller, on nous impose un joug insupportable qui ne laisse place à aucune émancipation. Il faut donc se rebeller et se réveiller pour sortir par le haut.
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