Nollywood, l'eldorado du cinéma au Nigeria
Le Nigeria peut se targuer de détenir la deuxième industrie cinématographique au monde. Son influence culturelle s'est largement étendue en dehors des frontières de l'Afrique. Cette déferlante a vu le jour grâce à l'arrivée des caméscopes et à l'hyperactivité d'apprentis cinéastes. Aujourd'hui, des superproductions de plusieurs millions de dollars sont à l'affiche et les réalisateurs nigérians commencent à investir les tapis rouges des festivals internationaux.
Au Nigéria, le cinéma est devenue l'activité nationale par excellence. Avec plus de 2 000 longs-métrages par an, le pays est devenu le deuxième producteur de films au monde, derrière Bollywood (Inde) et devant Hollywood (États-Unis). Son industrie, appelée "Nollywood", représente 2% du PIB et emploie environ un million de personnes.
Après avoir connu un âge d'or entre les années 50 et les années 70, le cinéma nigérian s'était progressivement assoupi. A la fin des années 80, la plupart des salles obscures avaient fermé. Les films n'étaient plus diffusés que sur un seul canal télévisé. Sa résurrection s'est opérée grâce à la commercialisation des caméscopes et la possibilité de dupliquer les films sur VHS. N'importe qui pouvait tourner un film lui-même, en quelques jours, pour un budget de quelques milliers de dollars.
Ces apprentis réalisteurs, ainsi que les producteurs historiques, se mirent à tourner frénétiquement et à sortir leurs films directement en vidéo, pour le plus grand bonheur des Nigérians à même de les regarder à la maison. Leurs films, souvent des comédies ou des drames, abordent le quotidien des Nigérians : histoires d'amour, de trahison, de belles mères, de banditisme, d'émigration des campagnes vers la ville, de traditions, de religion, de rituels... Un cinéma low-cost qui s'est exporté sur tout le continent et même au-delà, où se trouve la diaspora nigériane.
Des productrices influentes
Après des années d'amateurisme, le cinéma nigérian arrive à maturité. Les moyens technologiques ont fait un bond en avant et les cinéastes sont mieux formés. Aujourd'hui, la nécessité de produire de la qualité se fait sentir. Les ambitions des nouveaux réalisateurs les conduisent hors des frontières africaines. Un des réalisateurs phares du Nigeria, Kunle Afolayan, a gagné de nombreux prix internationaux avec ses films "Figurine" et "October 1".
Quant aux budgets, ils progressent à la hausse. En témoigne "Half of a yellow sun", de Biyi Bandele, tourné en 2013 : avec un budget de 9 millions de dollars, c'est le film nigérain le plus cher à ce jour. Désormais, les réalisateurs visent la sortie en salle et un public international. Parallèlement, la VOD permet de mieux distribuer les fims et de réinjecter l'argent dans la production. Le secteur, florissant, attire de nombreux jeunes passionnés et ambitieux, et en particulier les femmes. De nombreuses productrices et réalisatrices de renom tiennent aujourd'hui le haut du pavé à Lagos. Le secteur, plus professionnalisé, est aujourd'hui célébré par un des plus gros festivals de cinéma d'Afrique, l'Affrif, fondé au Nigéria par la femme d'affaires et productrice Chioma Ude.
Tournage burlesque pour notre équipe
Notre équipe s'est rendue dans la capitale nigéraine pendant et après le festival, pour rencontrer réalisateurs, producteurs, comédiens... Pendant cette période, la ville vibre au rythme du cinéma, des tournages y ont lieu tous les jours. Entre embouteillages monstres, pannes de voitures et auto-stop en pleine nuit, achat d'essence à des jeunes des rues, visionnage de films dans des makis (les cafés locaux) ou en au bas des immeubles, menaces d'extorsion par des caïds locaux, arrestation au commissariat et visites de start-up flambant neuves dédiées à la VOD, notre tournage a été aussi burlesque qu'épique. Il a surtout été marqué par des rencontres vivifiantes et joyeuses d'Africains sûrs de leur héritage culturel et de leur talent, qui espèrent pouvoir déployer rapidement leur cinéma à l'international.
Du 2 au 5 juin 2016 se déroule à Paris le festival de cinéma Nollywoodweek
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