Savoir mener le vrai combat
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La multiplication des propos anti-kabila dans la diaspora congolaise mais aussi à l'intérieur du pays a de plus en plus tendance à émousser l'attention portée par les Congolais aux réalités intrinsèques de notre pays et à réduire l'intérêt même de ces interventions.
Nos concitoyens éprouvent les pires difficultés à suivre cette pléthore d'opposition avec sa flopée des "leaders" et à juger de leur pertinence.
Le Web sature aujourd'hui des articles sur la situation de notre pays, nous nous battons pour intervenir plus dans le sens de qui en fera plus que l'autre. Hélas!
À force de cracher notre venin sur les réseaux sociaux, nous en venons à oublier la pertinence d’une bonne argumentation. Nous sommes devenus ces théoriciens de la pensée unique qui déversent leurs « vérités », convaincus qu’elles constituent une pensée universelle.
Que faire alors? Nous taire? Surtout pas. Ne plus agir ? Absolument pas, car, plus que jamais, la situation de notre pays nous commande d'engager une lutte sans merci contre les usurpateurs et leurs vichystes, mais de le faire avec discernement, par des articles fouillés et pertinents d’une part. Et, d’autre part, par des actions responsables et efficaces qui interrogent aussi notre histoire. C’est toujours pire d’agir sans savoir les fondements de sa situation.
L'heure n'est plus aux insultes, au dénigrement, à la distorsion de la réalité. Ceux qui sont au pouvoir chez nous ne partiront pas à cause de nos insultes, ni grâce à nos dénigrements. Nous devons travailler à créer des conditions qui feront que l'exercice du pouvoir soit rendu impossible dans le cadre institutionnel actuel. Au lieu de cela, nous qui prônons le changement, nous sommes souvent aussi impertinents et inconstants que ceux dont nous réclamons le départ.
Tirons les leçons de l'histoire. Les pères de notre indépendance avaient pensé qu'il suffisait de prendre la place des "Nokos" pour que les choses marchent toutes seules. Du jour au lendemain, les clercs sont devenus des hauts fonctionnaires, les sous-officiers des officiers supérieurs, ajoutés à cela tous les paramètres ethnico-tribaux dont seuls les Africains ont le secret ... On connaît la suite.
Le pouvoir légal n'était en réalité qu'un pouvoir apparent. Aux noirs on avait transmis l'exercice du pouvoir avec tous ses apparats et ses attraits : l'honneur, la gloire, la redingote, les grosses bésicles, les dettes, les uniformes et le Djalelo. Les blancs avaient pris soin de garder le vrai pouvoir avec tous ses attributs : la monnaie, la force (moyens de coercition), et surtout …la connaissance
Mieux que quiconque, les militaires savent une chose: pour aller en guerre, il faut sérieusement évaluer toutes ses ressources et surtout connaître les ressources dont dispose l'adversaire. Ils savent aussi qu'il ne faut négliger ni le temps ni l'espace. En 1914, l'État-major français pensait que la guerre ne durerait que quelques mois, mais nous connaissons la suite. Les "baloki ya Congo" sont puissants mais l'histoire nous enseigne aussi que ce qu'un homme a fait, un autre peut le défaire.
Celui qui veut le changement n’est pas forcément celui qui travaille pour ledit changement. Nous pensons donc que tout le monde s’y prépare dans l’intérêt du Congo. En effet, quand on analyse tous les changements de régime en Afrique, la joie populaire se transforme très vite en fleur de printemps. Elle ne dure que l’espace d’un matin. Quant aux prétendus libérateurs, ils ne tardent pas à devenir des bourreaux au service de leurs propres maîtres et de leur appétit d’ogre. La situation au Burkina Faso vient d’ailleurs corroborer notre propos.
Les petites mains de la Kabilie
Ce ne sont pas les grands mais des petits renards qui ravagent les vignes. Ce ne sont pas toujours les grands orages, les grosses tempêtes qui détruisent une contrée. Il y a chez nous, cette multitude de petites mains souvent invisibles mais ô combien nuisibles qui sont à l'œuvre comme dans une termitière. Nous ne voyons pas ce qu’ils font dans l’ombre, mais nous savons que leur travail est en train de détériorer de façon irréversible le soubassement du Congo.
Nous semblons négliger ce pan de nos concitoyens qui sont pourtant des vraies abeilles ouvrières qui permettent à cette oligarchie de perdurer. C’est aussi grâce à eux que ce système pernicieux tient encore. Ils sont convaincus, comme les collabos à leur époque, que leurs actions sont utiles pour la patrie. Aveugles, ils le sont devenus. Ils chantent et dansent pendant que leurs compatriotes, la majorité, crèvent: sans soins, sans travail, sans instruction ... sans horizon, c'est-à-dire sans avenir.
Ils sont partout : dans la diaspora, dans nos quartiers au pays, dans les différentes entreprises publiques et para-publiques, dans les services de sécurité, même dans nos propres familles et parmi nos amis. Ils sont minoritaires certes, mais il suffit d'un peu de levain, pour faire lever la pâte, dit-on. La servilité docile de ces petits renards, si elle varie selon les secteurs et les pratiques, est solidement ancrée dans leur mentalité.
En l’absence de réelle reconnaissance, ces petits collabos se consolent souvent dans les petits privilèges liés aux statuts de leurs maîtres. Et de ce point de vue, ces compatriotes mesquins ne manquent pas de créativité : délation, fourberie, distorsion de la vérité, glorification du régime etc. Pour eux, la RDC se porte comme un charme.
Ils se croient importants et utiles, mais ils sont devenus des traitres à la nation. Travailler à l’indépendance réelle du Congo, acte absolument important, leur paraît accessoire. Ils se servent de leur pays pour des intérêts étrangers au lieu de se servir des étrangers pour le bien de leur patrie. Ils regardent leur pays comme leur ennemi au point de servir les ennemis de leur pays. La fin de ce système passera obligatoirement aussi par l’anéantissement de ces petites mains.
D’autant que sans leur travail, le sommet de la pyramide ne tiendrait pas aussi longtemps. En 40-45, quand les patriotes français avaient compris ça, la résistance s’était alors attaquée à tous ces petits relais de la collaboration pour déstabiliser complètement le fondement même de l’édifice de l’occupation.
Rester forts et unis dans la tempête
Aucune bataille n’est trop petite pour que nous la négligions. Si nous ne sommes pas capables de relever les petits défis, alors face aux grands problèmes que ferions-nous ? Lorsqu’une épreuve se dresse devant nous, qu’une lutte s’engage, quelle va être notre réaction ?
L’histoire nous enseigne que tous les peuples qui ont obtenu leur liberté avaient à combattre un adversaire plus fort qu’eux. Ces épreuves étaient des opportunités pour sortir de l’asservissement, même si certains choisissent de fuir les difficultés pour prendre la voie large qui mène à la servitude. Pour cela, nous avons besoin de :
- La connaissance de notre histoire dans la mesure où pour tracer un nouveau chemin, c’est aussi mieux de savoir qui nous sommes, d’où nous venons et pourquoi nous sommes dans cette situation ;
- La connaissance parfaite de ceux qui ont organisé la désorganisation de notre nation jusqu’à faire de nous des bagnards dans notre propre pays ;
- La connaissance de nos concitoyens qui ont choisi de trahir leur pays et de se mettre au service des puissances étrangères ;
- Le courage à assumer nos responsabilités quoi qu’il advienne afin d’arracher les clés de notre destin des mains de ceux qui les ont usurpées ;
- La persévérance et l’abnégation car les grandes victoires s’obtiennent par le sacrifice ;
- L’unité des patriotes sans laquelle rien ne sera possible ;
- Enfin des hommes et des femmes responsables et matures qui ne s’embourbent pas dans la chicanerie parce qu’ils ont conscience de la difficulté de la tâche qui demande grandeur d’âme et renoncement. Et ça, c’est une autre dimension, car pour imposer au système actuel une autre alternative, il faudra rompre radicalement avec lui.
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