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RDC : Tshisekedi vs Fatshi

16 Juin 2021 , Rédigé par Abraham Itimbiri-Aketi Publié dans #Echos de la vie quotidienne Congo & Diaspora, #Focus sur le mal Congolais, #Carte blanche à

Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi

Entre l’héritier et le président, une drôle de guerre se déroule en coulisse et elle est farouche. Car bien qu’étant les deux faces d’une même pièce de monnaie, les deux personnages n’en sont que plus antinomiques. Leur ambition légitime de diriger le Congo les oppose en permanence tant leurs parcours parallèles auront du mal à se rejoindre, sauf à privilégier l’un au détriment de l’autre. Et c’est là tout le problème car le côté pile ne peut pas se passer du côté face.

Pour qui préside Tshisekedi et pour qui gouverne Fatshi ?

Le premier est l’héritier ius sanguinis et non pas politique de son père, le second par contre est le résultat d’une combinatoire subtile qui échappe à bien des politistes.

Le premier est tenu par le slogan programmatique de son père « le peuple d’abord », qui suffit à rassurer un pan entier des fanatiques illuminés dont certains sont déjà de plus en plus déçus par la tournure que prennent les événements quand ils voient le comportement des certains cadres du parti, qui ont un autre slogan « les chefs d’abord ». Et comme on n’a pas pu présider pendant le premier volet du mandat jalonné d’obstructions absurdes et des discussions byzantines, il a fallu communiquer à outrance pour donner l’impression de faire.

Le second fait de la realpolitik et en Afrique subsaharienne, cela veut dire tout simplement tenir les engagements faits aux faiseurs des rois pour espérer durer. Et il a bien compris que pour le second volet de son mandat pour lequel il ne lui reste que très peu de temps, légalement, qu’il fallait agir comme au Congo. C’est le seul pays au monde où les politiciens sont cotés à la bourse de la notoriété et du poids tribal. Il faut juste savoir comment spéculer pour fixer le prix des uns et des autres, et ça marche ! Vive l’union sacrée qui est vite devenue une sacrée addition pour les comptes publics. Le pouvoir n’a pas de prix et tant pis pour le peuple et pour la démocratie.

Remontons l’horloge du temps. Avant les élections, les parlementaires de rue n’avaient qu’un seul slogan à la bouche : « le peuple d’abord ». Le rêve de tout renverser et de reconstruire un autre Congo où le peuple aura le premier et le dernier mot. Le fameux grand soir. Ce slogan sympathique et fédérateur ouvrait la porte à tous les possibles, qui faisaient vite croire que l’impossible n’était plus congolais. Mais troqué le combat de rue pour celui des idées dans l’espoir de voir naître un Congo meilleur, n’est pas une mince affaire. Et pour défendre ses idées, il faut déjà en avoir.

Lequel des deux aura le dernier mot, l’héritier ou le président ? L’histoire nous le dira tant les deux protagonistes semblent irréconciliables, mais comme sur une pièce même de monnaie, pile ne peut pas se passer de face. Et c’est là tout le paradoxe : ils sont irréconciliables mais inséparables. Tshisekedi rêve de transformer le Congo pour que le Bien commun soit le bien de tous les Congolais, mais Fatshi pense déjà à garder le pouvoir pour servir une caste d’oligarques en gestation. On a déshabillé Le FCC-CASH pour habiller l’union dite sacrée. L’uniforme change, mais les personnages restent les mêmes.

Ceux qui, comme moi, connaissent un tant soit peu l’histoire du Congo, peuvent se rappeler la fameuse équation du général et colon belge Janssens quand il faisait la morale aux troupes de la Force publique: « après l’indépendance = avant l’indépendance ». Il ne pensait pas si bien dire, car qu’est ce qui a vraiment changé depuis ? Les mêmes prévaricateurs, hier, les mêmes concussionnaires aujourd’hui et peut-être même demain. On a juste changé de contenant.

Mais puisque nous aussi nous aimons notre pays, nous continuons à espérer le meilleur. Qui sait, peut-être que par miracle, le mauvais arbre va se mettre à donner de bons fruits. Comme disait les Romains : « vae victis » malheur aux vaincus. Et le peuple dans tout ça ? D’abord ou après ?

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