Des lendemains qui déchantent
Il n’y a donc pas eu de « total end » au système Kabila comme voulu et souhaité par les patriotes, il s’est agi plutôt d’un hold-up. Le peuple congolais repart donc pour une nouvelle aventure incertaine et pour une destination inconnue. Les regrets sont là, vivaces. Ceux d’être passés si près du but, d’un rêve fou au regard de l’histoire : celui de renouer avec le fil violemment rompu en 1961 par l’assassinat de Patrice Lumumba pourtant élu aux suffrages universels incontestables et ce, malgré les moyens déployés à l’époque par les forces subversives qui unissaient les colons et les traitres indigènes.
Certains diront que les Congolais au fond sont bien à leur place de peuple soumis et inconstant qui ne mérite pas d’entrer dans son vrai destin. Mais les patriotes n’ont rien à se reprocher, et venir échouer si près du but, non pas à cause de leurs erreurs éventuelles, mais plutôt par la même trahison des enfants du pays qui avait conduit à l’assassinat de Lumumba en 1961. Hier, on avait tué un homme qui incarnait l’espoir d’une nation en devenir, aujourd’hui, on a écrabouillé la loi fondamentale qui est la garante d’un État de droit en gestation. Et le résultat est le même. Les forces centrifuges ont encore une fois réussi leur coup qui consiste à contrôler coûte que coûte notre pays et, pour cela, ils sont prêts à tout.
Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui ne sont que de simples exécutants, des pions sur un échiquier qui dépasse leur propre entendement. Ils ont tout simplement porté à son paroxysme, ce que leurs aînés ont fait en 1961. La déception est grande et elle habite encore les cerveaux confus de ceux qui aiment vraiment le Congo. Mais, une dynamique est née dans le peuple. Il faudra juste consolider ses bases avec une ossature solide.
Le rêve était proche, nous l’avons touché du bout des doigts. Il est passé, certes, mais ce n’est que partie remise. Apprenons de cet échec, rassemblons-nous pour mettre en place des nouvelles formes de lutte et préparons-nous, car les murs de cet attelage hétéroclite FCC-CASH, tomberont comme les murs de Jéricho. La tricherie et la compromission n’ont pas leur place au cœur des institutions d’un pays, sauf à vouloir être un État faible et supplétif et c’est malheureusement le cas aujourd’hui.
D’autres leaders émergeront, différents de ceux d’hier et d’aujourd’hui, qui tous ont hypothéqué le Congo pour trente deniers, englués qu’ils sont dans la médiocratie et les affairismes. Ils ne peuvent voir ni la souffrance du peuple ni entendre ses gémissements tant ils sont happés par les attributs du pouvoir. Il faut bien se partager les restes. Ce peuple qu’ils méprisent est pourtant la pierre angulaire de la nation. Un jour, soit elle tombera sur eux pour les écraser, soit ils se fracasseront dessus. C’est inéluctable.
La prestation de serment du président nommé est illustrative à ce propos, elle démontre l’asservissement de l’usurpateur à une autorité qu’il est le seul à identifier. En tout cas, il n’avait pas juré de servir le peuple mais plutôt quelqu’un d’autre qui n’est pas dans la Constitution. Ceux qui aiment bien le « replay » n’ont plus qu’à repasser et à réécouter attentivement le discours d’investiture. C’est surréaliste.
Bien sûr, certains professeurs docteurs illuminés (et il y en a en RDC) trouvent des subterfuges pour expliquer l’inextricable par des arguties byzantines dont ils ont la science. Mais la vérité est têtue. Cette alliance circonstancielle où chaque camp travaille dans l’ombre pour chercher à piéger l’autre finira bien par se fragiliser. Les tensions de plus en plus exacerbées entre les bases de FCC et de Cash nous promettent des lendemains qui déchantent. Cet attelage finira bien par se déliter, mais doit-on attendre qu’il nous entraîne à sa perte ?
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