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RDC : la Constitution est morte, vive la parole présidentielle #2/2

7 Septembre 2018 , Rédigé par Abraham Itimbiri-Aketi Publié dans #Echos de la vie quotidienne Congo & Diaspora, #Focus sur le mal Congolais, #Carte blanche à

 

Comme le ver dans le fruit, l'intrigue est enfouie dans la constitution

L’article 70 : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu ».

Article 103 : « Le député national est élu pour un mandat de cinq ans. Il est rééligible. Le mandat de député national commence à la validation des pouvoirs par l’Assemblée nationale et expire à l’installation de la nouvelle Assemblée ».

Article 105 : « Le sénateur est élu pour un mandat de cinq ans. Il est rééligible. Le mandat de sénateur commence à la validation des pouvoirs par le Sénat et expire à l’installation du nouveau Sénat ».

Que le président de la république reste en fonction jusqu’à la prestation de serment de son successeur, quoi de plus normal. Cependant, organiser sa succession conformément à la Constitution n’est pas une option, c’est une obligation. Or, les trois articles ci-dessus sur les mandats du président de la république et des parlementaires sont la clé de voûte de tous les imbroglios institutionnels : « puisque rien n’est fait, tout le monde reste ». On comprend très vite que ce qui intéresse l’exécutif et le législatif ici, c’est de pérenniser leurs mandats respectifs et non d’organiser les élections ou plutôt, de n’organiser les élections que quand ils seront sûrs de pouvoir les gagner pour rester. On est dans la fameuse entente cordiale. Pendant ce temps, le pays s’enfonce dans l’incertitude.

Comment nos sénateurs et nos députés peuvent-ils continuer à siéger dans ces conditions ? D’où notre interrogation sur les élus de l’opposition. Pourquoi n’ont-ils pas démissionné ? La possibilité donnée, plutôt offerte aux parlementaires d’attendre tranquillement l’installation du nouveau parlement a été un cadeau empoisonné de la part des rédacteurs de cette Constitution. Les Congolais l’avaient peut-être rédigé, mais c’est un autre qui tenait le stylo. Un coup d’état permanent et larvé.

Il y a entre l’exécutif et le parlement, une solidarité de fait concrètement révélée par la prolongation délibérée du mandat présidentiel avec l'accord du parlement et vice-versa. Ils ont mis en place une fausse concurrence inhérente au système ô combien rentable au bénéfice du pouvoir, de ses faux transfuges et d’une fausse opposition. Les conditions financières pour être candidat à la présidence ne renforcent-t-elles pas ce système devenu quasi censitaire ? On est mieux entre nous. Pour le plus grand malheur des Congolais.

Que faire ?

Ces gens-là ont de la mémoire car ils savent ce qui arrive aux gouvernants dans ce type de régime quand la fin les surprend. Pour lutter contre ceux qui ratifient ce système, il faut ébranler les sources du pouvoir. Elles sont nombreuses.

1. les milices qu’on nous présentent comme une armée avec des anciens chefs de guerre qui sont devenus des officiers de commandement, dont la plupart, bien entendu, sont passés par des grandes écoles militaires. Ces paramilitaires sous commandement étranger qui sont en train de parachever la balkanisation de notre pays, notamment dans le Kivu, avec la bénédiction de ceux qui prolongent tranquillement leurs mandats.

2. la soi-disant opposition parlementaire congolaise qui a vendu son âme au diable et le Congo avec, pour trente deniers. Ils ont choisi d’être des vassaux dans l’histoire des autres au lieu de faire l’histoire de leur pays. Ils fonctionnent comme un vivier dans lequel le pouvoir vient puiser selon ses besoins. Chacun d’entre eux a un prix, comme des marchandises. On se croirait à l’époque de la traite négrière. La kabilie achète qui il veut avec l’argent du Congo.

3. la Constitution :

- elle doit-être réécrite pour ôter à tout individu les moyens de nuire,

- l’inaliénabilité de la filiation sanguine doit y figurer, car nous ne voyons pas pourquoi les congolais de souche seraient écartés alors que les étrangers se prémunissent d’un droit qu’ils n’ont pas. D’où l’urgence de restaurer l’état-civil et de rétablir le territoire dans son organisation historique. Nous savons pertinemment qui sont ethniquement congolais le 30 juin 1960,

- la séparation effective des pouvoirs afin que l’exécutif n’intervienne plus dans le champ judiciaire,

- l’interdiction pour une personne ou un groupe de personnes des passer des accords au nom de la république ou de privatiser des biens de l’État sans un débat public transparent et un audit fait par des experts patriotes et indépendants,

- l’obligation pour l’exécutif d’organiser les élections dans les délais impartis.

Ce ne sont ici que quelques pistes qui nous semblent urgentes, mais une nouvelle loi fondamentale demeure pour nous un objectif primordial afin de redonner au peuple congolais les pouvoirs qui lui ont été confisqués et faire de lui l’acteur principal de son développement. Le peuple congolais se reprendre en main pour faire son histoire:« tout par le peuple et pour le peuple. Nous y reviendrons.

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