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RdC : État-civil #2/2

2 Décembre 2016 , Rédigé par Abraham Itimberi-Aketi Publié dans #Carte blanche à, #Focus sur le mal Congolais

RdC : État-civil #2/2

La naissance d'un enfant est toujours un événement heureux dans une famille, mais l'enfant qui vient au monde est aussi le citoyen d'un pays. Soit celui de sa naissance, soit celui de ses parents. Pour cela, sa déclaration auprès des autorités compétentes pour établir sa filiation, établissant en même temps sa nationalité, est un acte très important. Malheureusement depuis très longtemps déjà, beaucoup d’événements importants dans la vie d'un individu en Afrique subsaharienne, allant de sa naissance à sa mort, se déroulent en dehors des voies légales.

Dans certaines régions de notre continent, les événements pourtant importants comme la naissance, le décès, le mariage, le divorce échappent totalement aux statistiques des pouvoirs publics. Notre famille et notre quartier nous connaissent, mais les pouvoirs publics ignorent notre existence. Après, on s'étonne qu'il soit possible pour un étranger de devenir président, parlementaire et tutti quanti ….

Au pouvoir pourquoi faire ?

Cette question mérite d'être posée. Il est légitime de vouloir faire de la politique parce que l'on estime qu'on a un projet, une vision pour son pays. Le problème est que beaucoup des dirigeants d'Afrique subsaharienne ignorent totalement les mécanismes d'organisation et de fonctionnement d'un État. On vient au pouvoir plus pour son profit et celui de son clan que pour les intérêts de son pays. Les missions des élus et des fonctionnaires devraient s'accomplir dans le cadre des attributions légales, mais les règles informelles sont partout et font souvent force de loi.

On comprend aisément pourquoi le recensement tant attendu en République démocratique du Congo est devenu un serpent de mer. Ce n'est pas un hasard si son organisation est sans cesse repoussée. Cela fait partie de la stratégie macabre qui consiste à rendre difficile voire impossible l'identification des usurpateurs. C'est un simple calcul de temps : plus le faux dure, plus il devient impossible de démontrer qu'il est nul. Entre deux générations le temps peut toujours passer vite, et dans un pays où même les écrits s'envolent, l'amnésie institutionnelle fera très vite son nid.

Comment comprendre qu'il n'y a pas très longtemps, chacun avait une carte d'identité et que maintenant, la carte d'électeur soit devenue le document primordial de l'état civil. C'est mettre la charrue avant les bœufs. Dans un pays où les morts, les mineurs et les étrangers peuvent tous voter, probablement même les animaux domestiques, on a vite compris pourquoi.

La refondation

Il ne suffit pas d'avoir de beaux textes ou un service public, il faut une organisation efficiente pour des missions pérennes, mais aussi et surtout, des hommes et des femmes qui aiment leur pays et qui sont prêts à le servir par-dessus tout. Ce n'est pas impossible, d'autres l'ont fait. Il est possible, et cela ne dépend que d'une volonté inébranlable des hommes, de passer d'un État raté à un État viable.

Les individus passent mais les institutions demeurent, pour cela :

  • il faut clarifier les attributions des services d'état civil dans nos pays;
  • avoir un personnel qualifié avec des moyens modernes pour recueillir les informations de manière efficace et conformément à la loi ;
  • il faut informer la population sur la place centrale des services de l'état civil dans la vie de la Cité et lui faire comprendre le caractère obligatoire des déclarations, lesquelles doivent être gratuites.

Il ne faut pas oublier le milieu rural et surtout les bidonvilles qui gravitent autour de grandes agglomérations. L’État y est tout simplement inexistant et c'est souvent là que les naissances, les décès, les mariages sont presque totalement hors statistiques.

Enfin, il faut souligner les conséquences de la mondialisation. Jamais auparavant, le monde n'a connu un tel mouvement des populations et les moyens de déplacement se sont multipliés. Mais les raisons qui poussent les gens à migrer diffèrent selon les régions du monde :

  • le travail ;
  • le commerce ;
  • le sous-développement ;
  • la guerre ….

La plupart de ces mouvements, notamment dans le cas de la guerre, se passent dans une même région. Nos pays, déjà très mal organisés et incapables de protéger leur propre espace territorial, ne disposent pas des moyens pour contrôler et maîtriser les migrations de grande échelle. L'exemple de la guerre civile entre Rwandais est là pour illustrer notre propos, car les conséquences pour la RDC sont toujours là. Comment dans ces conditions redonner sa crédibilité à l'état civil ?

La mission n'est pas impossible, sinon alors à quoi ça sert de gouverner ?

Lire aussi: RdC: État-civil #1/2

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